Fotografía y texto: Ariel Arango Prada / Traducción al francés: Frédérique Lennoz

( Las imágenes de la presente serie fotográfica ubicada sobre la carrera 7ª entre la Av. Jimenez y la calle 22 en la localidad de Santafé del centro de Bogotá D.C, fueron tomadas entre el año 2013 y el 2015 )

 

“… Todo acontecimiento es una llovizna. Si los infinitivos -Morir-, -Amar-, -Ir-, -Sonreír-, etc., son acontecimientos, es porque hay algo en ellos que su cumplimiento no logra realizar, un devenir que no cesa de alcanzarnos y a la vez de precedernos… “

Diálogos, Gilles Deleuze y Claire Parnet

 

SER SIEMPRE UN TRANSEUNTE DEL CENTRO

La Santafé de los Cotidianos Informales. Fotografía: Ariel Arango Prada.

La Santafé de los Cotidianos Informales. Fotografía: Ariel Arango Prada.

En el año 2000, cuando apenas tenía 10 años de edad, nos mudamos con mi familia al centro de Bogotá. Hasta entonces, la carrera séptima no era mas que el sendero que nos conducía a través de la ciclovía dominical a un mercado persa que se extendía desde el Eje Ambiental hasta el mercado de pulgas San Alejo en la calle 24, donde comprábamos con mi madre cada fin de semana “chucherías y antigüedades” como si de un ritual se tratara. Así comenzó mi colección de monedas …

Ya como residente, el espectro de las calles se abrió y entre locales y recovecos vino la adquisición de cientos de películas, cassettes, revistas, afiches, LP’s y libros, pero sobre todo de acontecimientos que a lo largo de estos 15 años han llenado mi memoria de innumerables personajes, relatos e imágenes de una historia de Bogotá que se esfuma en el devenir de sus días.

Recuerdo por ejemplo a un ciego, que tocaba perenne el ritmo de la clave del son, a un costado del edificio de Avianca, mientras a unos pocos metros, en medio de un ruedo, un payaso bailaba con ávida destreza en compañía de su perrita frespuder; también los pregones de un enano que en las puertas del Ley (hoy Éxito), contiguo a la Casa del Florero ofrecía con vehemencia “cuatro pilas doble A por mil”. Imborrable el gran hit de Blacky “Mi Novia Me Importa un Culo”, que acostumbraba cantar frente al Terraza Pasteur, o en las largas filas de los eventos del Jorge Eliécer Gaitán; o el saxofonista que inevitablemente hacía de banda sonora para los retratistas de la ETB, los bailarines de break dance que permanecían frente al Embajador, las distintas encarnaciones de Michael Jackson sobre la séptima, los mimos del parque Santander, los metaleros que vendían cassettes y vinilos en la calle19, los punks de la octava, emblemáticos consumidores de aguardiente Eduardo III y ron Barthel, los míticos libreros, las estatuas humanas, los lustrabotas de El Tiempo y los retacadores con sus historias macondianas, que siempre han abundado en las calles del centro.

La Santafé de los Cotidianos Informales. Fotografía: Ariel Arango Prada.Esta geografía fue mi mejor escuela, salir del lugar de confort para sumergirme en sus recovecos de manera obstinada: entre salas de cine, teatros, bares, cafetines y calles olvidadas y así llenarme de recuerdos y sensaciones. Esos que un día al volver, después de tan sólo cinco años de ausencia, encontré abandonados, vacíos y transformados; ahora solo quedan algunos personajes con sus admirables actos de supervivencia.  Este es el testimonio de mi coexistencia como transeúnte del centro, como aquel que al volver, cada domingo fue nuevamente a ese sendero y contemplativo anduvo a la deriva. Es también testimonio de lo vertiginosamente mudables que somos nosotros y nuestras realidades.

Este diálogo ya no se establece entre personas, sino entre líneas y fotografías, me acompaña siempre la cámara que como panacea alivia el gran temor de perder la memoria. Aunque a veces nada sucede, siempre todo cambia.

 

 


 

La Santafé des Quotidiens informels

(Les images de cette série photographique ont été prises entre l’année 2013 et 2015 dans la localité de Santafé au centre de Bogota DC,)

« Tout événement est une bruine. Si les infinitifs – Mourir-, – Aimer-, – Aller-, – Sourire-, etc.., sont des événements, c’est parce qu’il y a quelque chose en eux que leur accomplissement ne réussit pas à achever, un devenir qui ne cesse de nous rattraper et à la fois de nous précéder »

Dialogues, Gilles Deleuze et Claire Parnet

ETRE POUR TOUJOURS UN PASSAGER DU CENTRE

La Santafé de los Cotidianos Informales. Fotografía: Ariel Arango Prada.

La Santafé de los Cotidianos Informales. Fotografía: Ariel Arango Prada.

Durant l’année 2000, lorsque j’avais à peine 10 ans, nous avons déménagé avec ma famille dans le centre de Bogota. Jusqu’alors, la 7 ème rue n’était rien d’autre que le chemin qui nous conduisait en passant par la ballade à vélo du dimanche vers le marché persan qui s’étendait depuis la percée verte jusqu’ au marché aux puces de San Alejo dans 24ème rue, où nous achetions avec ma mère chaque fin de semaine des bonbons et des antiquités, comme s’il s’agissait d’un rituel.

Devenu résident, le spectre des rues s’est ouvert et entre les locaux et les détours est venue l’acquisition de centaines de films, de cassettes, de revues, d’affiches, de LP’s et de livres, mais surtout d’événements qui au cours de ces 15 années ont remplis ma mémoire de personnages innombrables, de récits et d’images d’une histoire de Bogotá qui est partie en fumée pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

Je me rappelle par exemple d’un aveugle, qui jouait sans cesse un rythme cubain, à côté de l’édifice d’Avianca, tandis qu’à quelques mètres, au milieu d’un cercle, un clown dansait avec une virtuosité passionnée en compagnie de sa chienne frespuder; et aussi les invectives d’un nain qui, aux portes de la Loi (aujourd’hui le Succès), contigu à la Maison du Fleuriste, offrait avec véhémence “quatre piles double A pour mille (pesos)”. Inoubliable, le grand hit de Blacky “Je m’en tape de ma fiancée” qui avait l’habitude de chanter en face de la Terrasse Pasteur ou dans les longues files d’attentes des évènements de Jorge Eliécer Gaitán ; ou encore le saxophoniste qui servait inévitablement de bande sonore aux portraitistes de l’ETB, les danseurs de break danse qui se plaçaient en face de l’Ambassadeur, les différentes incarnations de Michael Jackson sur la septième, les mimes du parc Santander, les fans de musique métal qui vendaient des cassettes et des vinyles dans la 19 ème rue, les punks de la 8 ème, emblématiques consommateurs de l’aguardiente Eduardo III et du rhum Barthel, les mythiques libraires, les statues humaines, les cireurs de chaussures d’El tiempo et les mendiants avec leurs histoires irréelles qui ont toujours abondées dans les rues du centre.

La Santafé de los Cotidianos Informales. Fotografía: Ariel Arango Prada.

La Santafé de los Cotidianos Informales. Fotografía: Ariel Arango Prada.

Ce panorama aura été ma meilleur école, sortir de la zone de confort pour m’immerger dans ces recoins de manière obstinée : entre les salles de ciné, les théâtres, les bars, les cafés et les rues oubliés et de cette façon me remplir de souvenirs et de sensations. Le jour où je suis revenu, après seulement cinq ans d’absence, tout était abandonné, vidé et transformé. Aujourd’hui, il ne reste que quelques figures avec leurs admirables forces de survie. C’est le témoignage de ma coexistence en tant que passager du centre, comme celui qui après être revenu, chaque dimanche retourne sur ce même chemin et qui l’aurait contemplé partir à la dérive. C’est aussi un témoignage de ces changements vertigineux que nous sommes nous et nos réalités.

Ce dialogue ne se crée pas entre des personnes, mais plutôt entre les lignes et les photographies. L’appareil photo qui toujours m’accompagne, apaise comme une panacée cette grande crainte de perdre la mémoire. Même si parfois rien ne se passe, tout change toujours.

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